[LSD][Fix] More precise story
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@ -98,9 +98,9 @@ La [crise des opioïdes](https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_opio%C3%AFdes)
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### Petite histoire à butiner
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### Petite histoire à butiner
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Les chiffres et les articles nous donnent des informations précieuses, mais stimulent rarement les émotions et l'empathie. Pour cerner le sujet un peu plus concrètement, je vous propose de survoler avec moi la tranche de vie d'une amie, qui commence à souffrir de graves douleurs au dos l'année dernière.
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Les chiffres et les articles nous donnent des informations précieuses, mais stimulent rarement les émotions et l'empathie. Pour cerner le sujet un peu plus concrètement, je vous propose de survoler avec moi la tranche de vie d'une amie, qui commence à souffrir de douleurs au dos l'année dernière. Il s'agit en fait d'une hernie discale lombaire qui lui causent de fortes douleurs dans la jambe, le long du nerf sciatique.
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Elle consulte alors sa médecin généraliste de longue date, qui lui prescrit immédiatement du Tramadol (un opioïde libérant aussi de la sérotonine) et du Valium (un anxiolytique de la classe des benzodiazépines, souvent utilisé comme décontractant musculaire). C'est d'emblée le combo. Les douleurs ne diminuent pas et sont handicapantes au point qu'elle peine à se déplacer. Sa médecin augmente les doses, augmente les doses, augmente les doses, et c'est à peine si c'est plus supportable.
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Elle consulte alors sa médecin généraliste de longue date, qui finit par lui prescrire du Tramadol (un opioïde libérant aussi de la sérotonine) et du Valium (un anxiolytique de la classe des benzodiazépines, souvent utilisé comme décontractant musculaire). C'est d'emblée le combo, mais un combo classique pour les hernies. Les douleurs ne diminuent pas et sont handicapantes au point qu'elle peine à se déplacer. Sa médecin augmente les doses, augmente les doses, augmente les doses, et c'est à peine si c'est plus supportable.
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Une rhumatologue l'envoie alors en urgence à l'hôpital car les examens montrent une hernie discale qui risque de lui coûter une jambe si rien n'est fait. Mais on manque de neuro-chirugien·ne compétent·e en la matière, alors on adopte une stratégie qui sera assénée pendant 10 jours comme un mantra : on va « casser la douleur » pour empêcher l'hernie de progresser. Pas opérer, pas à cet âge là, il y a des risques, on va d'abord essayer autre chose. Car le petit cocktail de la généraliste n'était qu'un apéritif et on sort maintenant le plat du four : dans un fond de morphine en intraveineuse, diluer une généreuse dose de benzodiazépines, saupoudrer d'opium et assaisonner de quelques gouttes d'amitriptyline (un anti-dépresseur agissant sur les douleurs neuropathiques). Renouveler autant de fois que nécessaire.
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Une rhumatologue l'envoie alors en urgence à l'hôpital car les examens montrent une hernie discale qui risque de lui coûter une jambe si rien n'est fait. Mais on manque de neuro-chirugien·ne compétent·e en la matière, alors on adopte une stratégie qui sera assénée pendant 10 jours comme un mantra : on va « casser la douleur » pour empêcher l'hernie de progresser. Pas opérer, pas à cet âge là, il y a des risques, on va d'abord essayer autre chose. Car le petit cocktail de la généraliste n'était qu'un apéritif et on sort maintenant le plat du four : dans un fond de morphine en intraveineuse, diluer une généreuse dose de benzodiazépines, saupoudrer d'opium et assaisonner de quelques gouttes d'amitriptyline (un anti-dépresseur agissant sur les douleurs neuropathiques). Renouveler autant de fois que nécessaire.
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@ -112,11 +112,11 @@ Mon amie est transférée dans un autre hôpital où on l'opère dans la foulée
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Le lendemain matin, c'est la descente au sens littéral : impression de tomber comme on tombe en rêve, en continu. Angoisse à ne plus savoir par où écoper, elle appelle à l'aide une amie psy. Elle apprend abasourdie que c'est caractéristique d'un syndrome de sevrage. Elle parvient alors à joindre le neuro-chirurgien qui **ne la croit pas**. Les doses sont trop faibles, on vous a dit !
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Le lendemain matin, c'est la descente au sens littéral : impression de tomber comme on tombe en rêve, en continu. Angoisse à ne plus savoir par où écoper, elle appelle à l'aide une amie psy. Elle apprend abasourdie que c'est caractéristique d'un syndrome de sevrage. Elle parvient alors à joindre le neuro-chirurgien qui **ne la croit pas**. Les doses sont trop faibles, on vous a dit !
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C'est le début de l'enfer. Crises de paniques, douleurs généralisées sur la peau et dans les os, fièvre, états dépressifs et pensées suicidaires forment le décor du quotidien. Elle finit par aller voir un médecin qui lui bricole en arrière-cuisine un protocole de sevrage bancal. C'est pire que mieux.
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C'est le début de l'enfer. Nausées continues et diarrhées intraitables par des médicaments, crises de paniques, douleurs généralisées sur la peau et dans les os, fièvre, états dépressifs et pensées suicidaires forment le décor du quotidien. Elle finit par aller voir un médecin qui lui bricole en arrière-cuisine un protocole de sevrage bancal. C'est pire que mieux.
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Il faut se rendre à l'évidence : elle ne s'en sortira pas sans l'accompagnement d'un·e spécialiste en addictologie. Surprise, tous les hôpitaux de la ville sont plein à craquer en addicto, et elle finira heureusement par trouver un centre spécialisé. La suite en bref, c'est **3 mois** pénibles pour parvenir à se sevrer, aussi bien physiquement que psychologiquement. Car l'addiction n'est pas que physiologique ; après avoir eu aussi mal, on a peur d'avoir mal à nouveau.
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Il faut se rendre à l'évidence : elle ne s'en sortira pas sans l'accompagnement d'un·e spécialiste en addictologie. Surprise, tous les hôpitaux de la ville sont plein à craquer en addicto, et elle finira heureusement par trouver un centre spécialisé. La suite en bref, c'est **3 mois** pénibles pour parvenir à se sevrer, aussi bien physiquement que psychologiquement. Car l'addiction n'est pas que physiologique ; après avoir eu aussi mal, on a peur d'avoir mal à nouveau.
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On peut tirer plusieurs conclusions de cette histoire. D'abord, évitons l'écueil du « ils sont cons ces américains ». Le problème existe largement en France et n'est pas aussi médiatisé. Ensuite, les médecins généralistes sont à la ramasse sur le sujet et prescrivent de façon très libérale des anxiolytiques et des opioïdes, sans connaissance des risques associés aux sevrages ni des protocoles qui ne s'improvisent pas. Les hôpitaux aussi d'ailleurs : personne n'a jamais demandé à mon amie ses antécédents et se sont basiquement contenté de nier ses craintes et son vécu. Les risques d'une opération seraient peut-être à mettre en perspective avec les risques de sevrage mal accompagné. Enfin, un sevrage n'est jamais une opération mécanique, dépend très fortement des personnes et nécessiterait dans tous les cas une proposition d'accompagnement psychologique.
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On peut tirer plusieurs conclusions de cette histoire. D'abord, évitons l'écueil du « ils sont cons ces américains ». Le problème existe largement en France et n'est pas aussi médiatisé. Ensuite, les médecins généralistes sont à la ramasse sur le sujet et prescrivent de façon très libérale des anxiolytiques et des opioïdes, sans connaissance des risques associés aux sevrages ni des protocoles qui ne s'improvisent pas. Bien sûr, ce sont des généralistes et on ne peut pas s'attendre à ce qu'iels connaissent toutes les disciplines ; mais a minima faire preuve d'humilité, dire qu'iels ne savent pas et renvoyer vers des spécialistes, plutôt que d'improviser. À l'hôpital aussi on est à la ramasse : personne n'a jamais demandé à mon amie ses antécédents et se sont basiquement contenté de nier ses craintes et son vécu (voir aussi [cet article](https://www.abcmed.ch/tramadol/) sur le Tramadol aux urgences). Les risques d'une opération seraient peut-être à mettre en perspective avec les risques de sevrage mal accompagné. Enfin, un sevrage n'est jamais une opération mécanique, dépend très fortement des personnes et nécessiterait dans tous les cas une proposition d'accompagnement psychologique.
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Car oui, mon amie a été soutenue au quotidien par sa famille et ses ami·es, et c'est ce soutien qui lui a donné la force de continuer à chercher de l'aide quand tous les téléphones raccrochaient. Aussi, on est en France et tout ceci est remboursé. Imaginez la même situation avec une personne très précaire, seule, sans sécurité sociale. Généralement, la seule issue c'est d'acheter des opioïdes dans la rue, et de mourir quelques temps plus tard.
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Car oui, mon amie a été soutenue au quotidien par sa famille et ses ami·es, et c'est ce soutien qui lui a donné la force de continuer à chercher de l'aide quand tous les téléphones raccrochaient. Aussi, on est en France et tout ceci est remboursé. Imaginez la même situation avec une personne très précaire, seule, sans sécurité sociale. Généralement, la seule issue c'est d'acheter des opioïdes dans la rue, et de mourir quelques temps plus tard.
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@ -8,11 +8,7 @@
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